En mémoire de Martin Schwartz

à rédiger, mentalement, l'un des articles ainsi intitulés. « Hier nous est parvenu un document stupéfiant, qui mériterait de figurer, comme pièce d'accueil, dans ce qui pourrait être un musée des plus grandes erreurs, manipulations et impostures de l’histoire. » Le long du boulevard Magenta, il fronce les sourcils à l'évocation des étranges conseils que Shirley Evans lui a donnés, juste avant qu'il ne la quitte. Qu'a-t-elle voulu dire ? Le document plastifié, savamment protégé par Martin Schwartz, contiendrait-il autre chose que cette fameuse liste ? Y a-t-il encore quelque chose qu'ils n'ont pas compris ? Tenté de s'arrêter pour prendre connaissance sans plus attendre du précieux papier qu'il transporte contre son portefeuille, il y renonce et poursuit son chemin en accélérant son pas. Lorsqu'il parvient enfin à son propre hôtel, une légère fatigue engourdit ses jambes et alourdit ses paupières. L'excitation, à la perspective de s'asseoir et de dérouler le document secret, lui donne l'énergie de gravir les marches deux par deux. A peine est-il entré dans sa chambre, il ôte machinalement sa veste. Elle est curieusement légère. Il plonge la main dans sa poche révolver. Son portefeuille ne s'y trouve plus. Le rouleau plastifié, enserré dans un ruban de taffetas rouge, non plus. A quelques kilomètres de là, dans Paris, un homme compose un numéro sur son téléphone. A côté de lui est posé un portefeuille ouvert, délesté des billets de banque qu'il contenait. Il tient dans sa main une page plastifiée qu'il a du mal à maintenir déroulée. 284

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